Gilliam a encore une fois frappé fort.
Et même très fort, se permettant de réaliser un film aussi troublant que son
Brazil.
Il est une fois de plus question de la faculté de l'humain à s'échapper de la "réalité" dans son propre monde. Comme dans
Brazil, le personnage principal est innocent, "pur", mais/car elle/et (rayer les les mentions inutiles, selon votre opinion) s'échappe dans un arrière-monde.
"Oh, wouldn't it be great, if I was crazy? Then the world would be ok." (in
L'Armée des 12 singes, et citée sur le site d'Anaïd. ;-) )
Mais c'est une ressucée, alors? vous demanderez-vous.
Non, car la réalisation est merveilleuse (du vrai travail de photographe, comme dans Marie-Antoinette.. sauf que ce dernier film n'avait que cet argument pour lui).
Remarquez, la réalisation est également bonne dans ses précédentes réalisations.
Alors, ce qui fait toute la différence, c'est le côté brutal de ce film.
Ici, il n'est plus question de nous perdre nous-même dans les rêves de l'héroïne, il n'est plus question de douter de la réalité. Nous la contemplons, c'est tout.
Ici, il n'est plus vraiment question de réfléchir. Vous ne pourrez pas dire en sortant de ce film que vous n'avez pas compris l'histoire. Mais ne pensez pas que ça vous laissera du temps pour prendre du recul. Gilliam vous martèlera sans cesse d'images choc, de ses délires, visuels (merci les Monty Python?) et narratifs. Et quand il relâchera la pression, ce ne sera que pour vous faire prendre conscience de ce à quoi vous avez assisté, et, plus que tout, de votre propre réaction.
Ce qu'une tripotée de réalisateurs branchouilles tentent en vain de mettre en place (une profusion de sensation et sentiments différents), Gilliam le bricole avec une facilité (du moins en apparence) déconcertante, nous emportant dans son délire, nous mettant face au sordide, (et) face à nous-même.
(pour ne pas vous gâcher le visionnage du film, je ne citerai pas d'exmple, mais il y en a un qui me démange...
), de même que je ne parlerai pas des thèmes abordés. De toute façon, de nombreuses interprétations doivent être possible.
Et il est également possible de contempler la chose, de s'y promener, de s'y faire emporter.
De l'Art, avec un grand z'A!
(Sinon, ma réponse à la question d'Anaïd serait "humaine"
)